Le jour où j’ai interviewé ma prof d’anglais (Part 1)
J’ai bien failli tomber de ma chaise à roulettes cette après-midi-là.
Et je suis rentrée surexcitée chez moi. Et ma mère a appelé et je lui ai raconté :
– “Ça m’a fait un tel choc qu’une personne de mon quotidien, comme ça, en France, que je vois toutes les semaines, ait connu Janis !!! Elle la connaissait vraiment ! Elle lui a parlé et tout ! Tu te rends compte, c’est dingue !! Et moi qui suis en cours avec elle depuis deux ans ! C’est juste ma prof d’anglais quoi…!! C’est dingue ! C’est complètement dingue ! Ça m’a complètement bouleversée !”
– “Oui, j’imagine…!” m’a-t-elle répondu calmement.
– “On parle toujours de cette théorie comme quoi on est à sept personnes de tout le monde… Ça paraît délirant et pourtant tu rends compte que, là, je suis à UNE personne de Janis Joplin !”
Un jour, j’ai été étudiante. Un jour, j’ai été à un mois du diplôme de fin d’études. C’était à Paris. Ouaip. Il y a un petit moment déjà… On était que huit dans la classe, huit meufs. Et il avait cette rumeur qui courrait dans l’école à propos de la prof d’anglais qui, malgré son abord bourgeois et un peu coincé, aurait connu Nico et Jim Morrison dans sa jeunesse. Je me disais après tout pourquoi pas, les deux ont vécus à Paris à la fin des années 60, début des années 70 et la prof en question devait bien avoir entre 55 et 60 ans.
Vers le mois de mai de la dernière année, l’ambiance s’était un peu relâchée (déjà qu’elle était pas hyper tendue…), en gros, on faisait cours en cercle dans la salle informatique, assises sur des chaises à roulettes, on faisait nos exposés sur des maîtres typographes en anglais et on se tapait la tchatche en français… Je me souviens que Julie était pas là ce jour-là parce qu’elle a bad-tripé après coup d’avoir raté ce moment.
Donc, un jour, j’étais en cours avec cette prof, au mois de mai 2005, dans la salle informatique. On a évoqué Bob Dylan il me semble… Et je sais plus comment c’est arrivé sur le tapis mais elle nous a balancé comme ça, avec son indéfinissable petit sourire continuellement accroché à ses lèvres, qu’elle avait bien connu Albert Grossman… Elle pensait nous apprendre qui c’était mais j’ai fini sa phrase : …” qui était le manager de Bob Dylan et de JANIS JOPLIN !!!!!” Je venais de recevoir un putain d’électrochoc !
Je me souviens du regard qu’elle a posé sur moi quand j’ai parlé en même temps qu’elle : intrigué et amusé.
Moi, je devais avoir un regard de folle, parce que d’un coup je la fixais avec acuité, buvant ses paroles, tendue sur ma chaise, comme un chien à l’arrêt.
Quand elle a compris qu’elle faisait son p’tit effet, elle a enchaîné sur le reste de l’histoire… Comment elle en est venue à me dire que Nick Gravenites lui avait appris à faire la “chicken soup”, je sais plus bien, mais mon cerveau était en train de bouillir ! J’hallucinais complètement, j’étais passée dans une autre dimension… J’avais envie de lui poser 5000 questions à la fois et en même temps j’avais perdu la voix.
Domi, apparemment impassible, souriait du coin de l’œil, Marike ouvrait les yeux bien grands, et Mv pouffait de rire en silence…
C’était devenue une conversation entre elle et moi, les autres se délectaient du spectacle.
La bombe quelle venait de lancer cette femme !
Un jour je vais finir comme ça :
ou ça :
October 9, 2011
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