Le jour où je suis arrivée à Las Vegas (Part 2)

Bon, ok, c’est quand même bien marrant Las Vegas. Surtout la nuit, on voit moins la crasse, et il fait moins chaud. J’imagine que c’est un truc à voir au moins une fois dans sa vie. J’imagine… En tout cas, ça vaut le détour. Attention aux risques de nausée, ça peut être violent.

Je vois des trucs déments ici, en plus des pétasses, des homeless, des flambeurs et des branleurs… Je vois des limousines, des 4×4 gros comme des tanks, des Choppers reluisantes. Je vois une bombasse armée d’un gros gun et d’un sourire niais sur une voiture publicitaire et des affiches grandioses pour des sites de cul. Je vois toutes ces lumières, écrans géants, images en mouvement, pastel criard. Je vois un château médiéval construit sur le modèle d’un char de la gay pride, blanc éclatant, rose bonbon, bleu ciel. Je vois une Venise de pacotille. Je vois le Palais d’un César plus mégalo que l’original. Je vois un petit Paris tout mignon, mini-tour Eiffel, mini-Montmartre, les merdes de chiens et les pigeons en moins.
Au loin, je devine la montagne.

En rentrant, je prends une longue douche, et je regarde mon reflet dans le miroir. Les marques sur mon corps s’effacent progressivement. Mais je ne vois qu’un corps amaigri, chétif et malade qui m’est étranger. Je vois l’ombre de la mort sur moi.
Alors, j’écrit à Janis pour lui en parler. Pas de réponse. Il n’y a que moi et les ténèbres dans cette chambre d’hôtel. J’ai trop de larmes à verser sur ce chemin. Je sais pas si j’aurai la force d’aller jusqu’au bout… Je veux pas en crever. Je me sens seule. Cette ville me dégoûte, ces gens me dégoûtent et mon corps me dégoûte. Peut-être qu’une bactérie pourrie mon sang. Et je veux pas de ce cadavre. Ça me rend dingue ! Pas question que j’en parle à quiconque : c’est peut-être juste une allergie et je me fais des films… Peut-être. Probablement. Un mirage dans le désert.
Je m’endors en pleurant.

J’ai envie de vomir au réveil.

Plus tard, je déambule fièrement dans les rues de Las Vegas, en mini-robe rouge (tentative inutile de mimétisme avec la gent féminine locale), mon Ipod sur les oreilles, je fait péter “A Long Way From Home” de The Heavy, j’arbore un sac en tissu “I Love RBX”. Et je souris. Et je me marre même. Las Vegas–Roubaix, tu parles d’un grand écart !

Le soir, je traîne dans les casinos. Je croise surtout des paumés, comme moi. Mais d’un autre genre…

Je marche sans but dans la nuit au milieu des néons, du boucan des machines à sous, des odeurs de friture, j’écoute “Maybe California” de Tori Amos, et je sens la colère monter. Monter. Monter comme la marée haute. Et je décide de m’accrocher à cette révolte. Désespérément.
Soudain, je sais ce que je veux : je veux être à San Francisco. Le plus vite possible. Et j’en ai rien à foutre du reste, je suis pas là pour le tourisme. Je prendrai pas mon temps, je profiterai pas de ce voyage pour voir la Death Valley, ou le parc Yosemite. Il faut que je continue à chercher Janis. Et le seul endroit sur cette Terre où je peux la trouver, c’est San Francisco.
Je voudrais partir dès ce soir, remonter à la chambre, prendre mes cliques et mes claques et me tirer de là, vite fait, bien fait. Mais je sais que si je veux tenir près de 10 heures de route sans pause, j’ai intérêt à me reposer. Et c’est ce que je vais faire ce soir !

Il y a des pensées qui prennent corps dans ma tête. Je crois que je sais où est la lumière. Je crois que j’ai juste besoin de vérifier.

August 16, 2011

Posted in Las Vegas - NV.