Le jour où je ne suis pas allée à la réunion des anciens

Port Arthur et Janis. What a big deal !
Je ne peux pas quitter cette ville sans vous raconter ce qui s’y est passé dans les années 50. Voyez-vous Janis était plutôt précoce (intellectuellement parlant, parce qu’émotionnellement parlant c’était autre chose), elle voulait être peintre, s’amuser, boire et casser la baraque ! Forcément, ce n’était pas du goût de tout le monde là-bas (de personne en réalité). Alors, à quatorze ans, elle a fugué jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Elle a cherché à fuir par tous les moyens. Dès qu’elle en a eu l’occasion elle est partie. Et trois mois avant sa mort, alors qu’elle était devenue une rock star flamboyante, elle a savouré sa victoire en assistant à la réunion des anciens du Thomas jefferson High School. Enfin, “savouré” pas tant que ça car si vous regardez bien la vidéo vous comprendrez qu’elle n’avait pas encore tout à fait digéré les insultes et les brimades. 

 

 

Il y a aussi et surtout cette chanson qu’elle a écrite : Ego Rock. On en trouve une version pirate avec Johnny Winter, fin 69 je crois. Mais le son est vraiment pourri. (Je rappelle que Johnny Winter est né à Beaumont, il est donc originaire du même coin que Janis, et elle l’adorait !) Le version connue est sur “Joplin in Concert” en duo avec Nick Gravenites en 1970. Je vous laisse apprécier les premiers couplets :

I just had to get out on the Texas plane,
Lord, well it was bringing me down.
Yeah, I had to get out of Texas, baby,
Lord, it was bringing me down.
I been all around the world,
But Port Arthur is the worst place that I’ve ever found.

I guess they couldn’t understand it there,
Honey, they’d laugh me off the street!
Lord, I guess they couldn’t understand me, baby,
Honey, they’d laugh, I said they’d laugh me right off the street, yeah.
I said I want to keep on moving, baby,
Be the last person I ever wanna meet.

Yeah, yeah, yeah,
Honey ain’t it hard when you’re all alone.
Yeah, yeah, yeah, yeah, yeah,
Honey ain’t it hard, Lord, when you’re all alone.
I might die real old lady
But I’d never call Texas my home,
No, no, no, oh!

You say you come from Texas, baby,
She says she left Texas with just her name.
(That’s what she told me.)
Yes she’s from Texas I tell you,
She says she left Texas with just her name.
Yes, well I swear when that girl came to the big city
Lord, she learned a brand new game.
Well, yeah!

Tout est dit.

 

 

Souvent j’ai repensé à cette histoire et je me suis demandé comment je me sentirais si j’assistais à la réunion des anciens de mon lycée. Oui, parce que, dans une certaine mesure, je les haïs moi aussi, et dans une certaine mesure, ils me l’ont bien rendu eux-aussi. Sur ce point, je me sentais en parfaite adéquation avec Janis.
À 16 ans, quand je me projetais dans le futur, j’aurais souhaité pouvoir aller à une de ces réunions d’anciens dans 10 ans et étaler mon succès : être une rock star ou une écrivain célèbre, avoir plein de tunes, une grosse baraque, une vie sentimentale exaltante, des enfants adorables… Bref, faire preuve d’une réussite retentissante, et leur clouer le bec pour toujours !
Aujourd’hui, j’approche de la trentaine (mais alors, à grands pas !) et je n’ai pas la vie époustouflante qui pourrais provoquer la jalousie de mes anciens camarades de lycée privé et catholique de province.
Ma vie ne correspond à aucun des critères qu’ils considéreraient comme exemplaires. Je ne suis pas célèbre, je ne suis même pas docteur ou notaire, je suis toujours à la dèche côté fric, je n’ai pas d’enfant, je vis dans 15 m2, j’ai quitté mon mari après 10 ans de vie commune, et je continue à porter des bijoux bizarres et à m’enflammer pour des chanteuses inconnues ou des trucs insignifiants pour la majeure partie des gens… Au final, ya pas de magie !

Je navigue à vue.

Le meilleur dans tout ça, ce que je ne pouvais pas imaginer à 16 ans, c’est je suis extrêmement fière aujourd’hui de ce que je suis devenue. Et je l’écris. Tout est vrai, j’aime celle que je suis aujourd’hui, j’aime la vie et j’aime ma vie !!! Quoique qu’en pensent les culs-serrés. C’est un peu rock’n’roll parfois, des fois je ris, des fois je pleure, mais j’essaye de suivre ce fil conducteur : “to be true to myself” (cf. Le jour où j’ai décidé de rembobiner la cassette). Aller au bout de mes désirs. Surmonter mes peurs. M’ouvrir au monde. Et des fois, ça marche !

Alors, maintenant, j’y pense même plus à ces histoires de réunions d’anciens. Je suis la lumière : “I’m a wild seed, let the wind carry me”*…
Et j’arrive à Austin. Et je pense à Janis. Je trouve ça triste qu’elle est gardé cette rancœur si longtemps : après tout, elle vivait l’existence qu’elle avait choisie, elle était libre, talentueuse et célèbre… Moi, je me sens vivante, entourée des gens que j’adore avec qui je partage des moments sincères et enrichissants : que les abrutis du lycée aillent se faire foutre !

Ceci dit sachez que Janis n’en avait pas fini avec les abrutis à Austin… Mais je garde cette information pour un prochain article, comme on dit : “La suite au prochain numéro !”

“I’m one of those regular weird people.”
Janis Joplin

 

*Joni Mitchell

August 3, 2011

2 responses to Le jour où je ne suis pas allée à la réunion des anciens

  1. Mamounette said:

    Coucou ma Lulue,
    Continue et profite bien de ton super beau voyage: tous les matin, au réveil, à cause du décalage, je me demande où tu en es et vais voir s’il y a du nouveau sur twitter ou sur ton blog.
    Bizzzzzzzzzzzzzz

  2. friscolex said:

    “No immediate plans!” Great interview footage!

  • Archives par mois

  • Translate this blog