Le jour où j’ai ressuscité Janis Joplin

Un putain de rêve :
Quand j’avais 16 ans, j’ai fait un rêve (pas comme Martin Luther King, le mien était très égoïste, faut dire que je dormais pour de vrai en même temps…).
Dans une roulotte rose en Formica posée sur une petite colline herbeuse, j’avais créé une putain de machine à ressusciter Janis Joplin ! Il suffisait que je mette un disque pirate sur la platine et la pièce ressemblait à un studio d’enregistrement : elle s’époumonait sur “Piece of My Heart”. Je la voyais de 3/4, elle portait une couronne de plumes bleu pâle dans les cheveux, je pouvais donc dater cette représentation de fin 69 (étonnant car la version de “Piece of My Heart” était plutôt 68).
Un de mes plus beaux rêves. Endormie comme éveillée d’ailleurs…

Mes chanteuses adorées me visitent souvent pendant la nuit : j’ai vécu en couple avec Patti Smith, j’ai pris Joni Mitchell dans mes bras et j’ai enfin pu lui dire à quel point je l’admirais, j’ai porté le futale léopard que Cherry Curie m’avait prêté, j’ai vu Laura Nyro chanter avec une sorte de cithare dans un vieux théâtre sans portes, et Bonnie Raitt en France (c’était donc un rêve), on s’est bien marré toutes les deux, j’ai aussi trouvé un 45t hyper rare de Mama Cass une fois dans un dortoir désaffecté tout jaunasse… Mais depuis quelques années, c’est surtout Tori qui m’apparaît en rêve, elle, je la rencontre pas au supermarché ou au bar, comme pour Janis, non, la plupart du temps, je vais à des concerts privés où je suis assise au premier rang. Je me réveille toujours trop tôt.

Trouver et écouter un pirate de Janis relevait de la sorcellerie pour moi… C’était comme avoir un peu plus de sa vie en moi, un peu plus de toute sa vie. Chaque instant, chaque geste, chaque son qui avait pu sortir de sa gorge, je les voulais pour me rapprocher d’elle, la toucher et l’aspirer complètement.
J’avais chaque détail de son passage sur cette terre gravée dans ma mémoire, tout ce que je pouvais apprendre, entendre, la date de chaque enregistrement, chacun de ses faits et gestes étaient répertoriés. J’aurais voulu pouvoir dire ce qu’elle avait mangé à midi le 4 avril 1969 ou ce que Peggy Caserta lui a dit le jour où elles se sont rencontrées ou le titre du dernier livre qu’elle a emprunté à la bibliothèque ou le nom de son voisin de palier ou la marque de sa bière du matin ou la couleur du t-shirt qu’elle portait le 23 mai 1963, tout, tout, absolument tout ! (et éloigner Alzheimer à jamais).

July 23, 2011  1 Comment

Le jour où j’ai cherché Janis Joplin dans la poussière

Deux albums, 18 chansons, 71 minutes et 29 secondes… Très vite, il m’en fallait plus, comme une droguée je suis allée chercher ma dose. Avec mon père, sur le quai Bélu, on a rencontré Pascal et Sophie. Avec le recul, je crois que Pascal a un peu halluciné sur mon cas, pendant des années, il m’a trouvé des raretés, il souriait si je les avait déjà, il m’a fait connaître Mama Lion (je commençais alors à avoir fait le tour de tous les enregistrements de Janis), il m’a offert une pochette du 45t de “Piece of My Heart” pour décorer ma chambre, je lui acheté Joplin In Concert pressage japonais, et tant d’autres! Je regrette de ne pas avoir investi dans Pearl en quadriphonie mais bon, j’aurais jamais pu l’écouter de toute façon…
Un an plus tard, à la grande réderie d’Amiens, j’ai acheté un pirate du live à Dallas en 69 et le double vinyl “Janis”, la BO du film, à un mec un peu antipathique. Chers mais états irréprochables, je me souviens avoir discuté le bout de gras mais il savait trop bien ce qu’il vendait. Sept ans plus tard, même emplacement, même évènement, je farfouillais dans ses disques et comme je relevais la tête pour lui demander s’il avait pas du Janis ou une autre chanteuse de rock sur laquelle je m’étais fixé depuis, il a pas sourit mais il m’a dit:
– “Je vous reconnais, vous cherchez du Janis Joplin, je me souviens vous en avoir vendu”
Moi, les yeux écarquillés :
– “Mais comment vous vous en souvenez ??”
– “J’en vois pas souvent des filles comme vous et puis des disques comme ça, on a pas tous les jours”…
Il souriait toujours pas, mais j’ai pris ça comme un compliment : je faisais partie de la bande, j’avais ma place parmi les nerds, accros au plastique noir.
Toujours est-il que pour mes 15 ans, mes grands-parents m’avait filé 100 frs : je suis rentrée dans une petite boutique de disques d’occasion qui venait d’ouvrir à Amiens. Thierry avait 2 cd : “Big Brother and The Holding Cie” et “Cheaper Thrills”, 50 frs chacun. J’ai pris les 2. Je me souviens que j’avais confondu “Cheaper Thrills” et “Cheap Thrills”, j’ai jubilé quand j’ai compris que je venais de mettre la main sur une bombe.
Voilà les 2 premiers disques que j’ai acheté dans ma vie.
Plus tard, avec mon argent de poche, j’ai acheté mes premiers disques qui ne soient pas du Janis à Thierry : “Horses” de Patti Smith en cd (50 frs) et “Rickie Lee Jones” en vinyl (25 frs).
Depuis la p’tite boutique est toujours là, Thierry aussi, et il a toujours la banane quand je rentre dans le magasin ! Quinze ans plus tard, La Malle à Disques est toujours mon revendeur de drogue préféré. Quand je repense à toutes ces samedis après-midis passés à claquer le fric du baby-sitting en putain de bonne came, à fouiller méticuleusement chaque bac du magasin, toutes les découvertes que j’ai faîtes, tous les délires musicaux que je me suis tapés, tout le bonheur que ça m’a procuré, ya de l’émotion, les enfants, ya de l’émotion !!

 


La Malle à Disques par tv-amiens

July 20, 2011  3 Comments

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