Le jour où j’ai parcouru San Francisco à la recherche de Janis Joplin (Part 1)

635 Ashbury Street, 892 Noe Street, Golden Gate Park, 39 Pier, à l’angle de Fillmore Street et Geary Boulevard, 1268 Sutter Street, à l’angle de Post Street et Steiner Street (démoli), 1339 Grant Avenue, 841 Columbus Avenue, 1353 Grant Avenue, 710 Ashbury Street, 1090 Page Street (démoli), 1947 Pine Street, 123 Cole Street, 122 Lyons Street, 126 States Street, Geary Street, Baker Street… Vu d’ici, chercher Janis Joplin dans les rues de San Francisco ressemble à un boulot à temps plein !

C’est le syndrome de la page blanche. Encore un article sur lequel je vais me galérer. C’est clair, si je me fais chier à l’écrire, vous vous ferez chier à le lire ! Alors autant que je zappe tout le récit de mes pérégrinations à San Francisco… on va pas en faire tout un plat !  Nan, je déconne, ça va pas la tête ou quoi ? San Francisco, les amis ! La terre d’adoption de Janis, le paradis de la musique psychédélique, San Francisco quoi, bordel !

Bon, il s’est pas passé de trucs insensés je vous préviens : Janis ne s’est pas matérialisée dans une rue de Chinatown au milieu des pastèques et des pousses de bambous, je n’ai même pas croisée son sosie, je n’ai pas rencontré une autre française à sa recherche, ni même un américain, je ne me suis pas mise à chanter “Turtle Blues” avec la voix de mon idole, je n’ai pas eu besoin de faire appel à un exorciste, je n’ai pas eu d’apparition à la Bernadette Soubirou avec Janis auréolée d’or fin qui me demande de créer un centre de désintox, et si, de temps en temps, j’entends le rire de Janis dans le vent, c’est parce qu’elle et moi, on est connectées à un niveau spirituel supra élevé, c’est pas parce que je suis dingue… Quoique !

En réalité, j’ai envie de raconter les petites histoires, comme les cailloux sur le chemin. Je cherche Janis, petit caillou après petit caillou, je suis sa piste, je trace mon parcours, je dessine mon voyage, je marche.

C’est des petits riens. Des gens, des lieux, des lumières, du brouillard, du soleil et du vent.

C’est des petits riens comme Alexis qui m’accueille chez elle et qui me dit : “J’ai vu que t’aimais bien Tori Amos, moi aussi…” Et là, elle lance “Cooling”, depuis son ordinateur, en live sur une radio italienne (2002). On chante toutes les deux, on connaît même l’intro improvisée par cœur, avec le début “Wednesday”. Elle aussi, elle doit traîner sur “hereinmyhead”, “yessaid” ou “afterglow” pour trouver cette version ! “Let’s go for a ride/This ocean is wrapped around that pineapple/Tree/And is your place in heaven worth giving up/These kisses/These kisses”
– “Tu sais que ça existe pas les “pineapple trees” ?”
– “Maintenant que tu le dis…”
– “Une fois, je suis allée chez une copine en Floride, elle m’a montré les ananas qui poussent dans son jardin, et je lui disais «mais c’est pas possible… les ananas ça poussent pas sur le sol, parce que Tori dans une chanson…» et en fait si ! ”
– “Pourquoi tu crois qu’elle parle de “pineapple trees” alors ?”
– “J’en sais rien…”
Ces petits riens qui rendent les chansons de Tori Amos si mystérieuses…
Igueldo, le labrador, pose sa tête sur ma cuisse et son regard me supplie de lui caresser le museau. Je l’aime tout de suite.

Une heure plus tard, j’ouvre grand les yeux à la vue des gratte-ciel de Montgomery Street, tellement ébahie que j’ai même plus envie de prendre de photos, juste de marcher.

Quand on est perdu, on dit que le meilleur moyen de retrouver son chemin est de revenir sur ses pas et de repartir depuis le début. Je me suis dit que le plus simple était donc d’aller là où Janis Joplin avait débuté. Ses pas me conduisent ainsi sur Grant Avenue, dans le quartier de North Beach, devant le numéro 1339. Un bar sympa m’a dit Alexis, aujourd’hui appelé le “Mojito”. Et comme une bonne soirée commence toujours par un mojito, j’ai pensé que c’était plutôt engageant. Il y a quarante-huit ans, cet endroit s’appelait le “Fox and Hound”, et il a accueilli Janis le soir même de son arrivée avec Chet Helms, et y elle fait passer le chapeau après avoir chanté quelques airs de blues. Je fais la photo.

Ce quartier me plonge gentiment dans la toute première expérience de Janis à San Francisco, “clocharde céleste”*, vivant chichement, buvant, chantant, à la recherche d’une vie meilleure…

Des petits riens… Je rencontre un disquaire sympa, dont la femme s’est barrée pour vivre à Marseille, et qui me montre le bar qui fut le “Coffee Gallery” où Janis avait ses habitudes de chanteuse de folk-blues. Je discute avec les gars du Beatnik Museum, le gérant m’appelle “Baby” mais fait la gueule quand je lui explique j’ai pas le temps de visiter le musée “because of Janis Joplin”, “friendly” l’amerloc !

Chez City Light Bookstore, célèbre libraire beatnik, j’achète la seconde édition de She’s a rebel et la dernière parution du magazine “Tom-Tom” spécialisé sur les batteuses de rock. Le fond de l’air est frais mais je souris en sortant du magasin.

Plus tard, je bois un thé au Café Trieste. Et je mange deux gâteaux secs, l’un à la cannelle et au sucre et le deuxième à la confiture de fraise. Le juke-box diffuse des ritournelles italiennes. Des petites choses qui ont le goût des grandes.

Encore un peu plus tard, je fais la photo des quelques reliques de Janis Joplin et de Big Brother & The Holding Cie conservées au Hard Rock Café, une guitare dédicacée, un disque d’or, une plaque expliquant l’absence de la cape par une exposition temporaire itinérante. Je mange un petit hot-dog cette fois en regardant les mouettes voler au-dessus des bateaux amarrés dans la baie. Un vieux tramway s’arrête et délivre sa cargaison de touristes.

Je ressors de chez Lyle Tuttle, tatoueur des rocks stars, avec sa carte de visite. J’aurais bien aimé lui demandé combien de fois exactement il a tatoué le petit cœur de Janis au sein gauche à ses fans… Mais il est toujours absent me dit-on. Des petits riens. Le soleil réchauffe Washington Square, le vent est tombé, on pique-nique, on sourit, on joue. Et l’église se dresse blanche immaculée sur un ciel bleu sans nuage.

Le quartier jouxte Chinatown, je rentre dans une fameuse fabrique de fortune cookies. Une petite échoppe de rien vue de l’extérieur. Bondée à l’intérieur.
“You will be recognized and honored as a community leader”… Hum, cool, toujours aussi égnigmatiques ces trucs.

“The star of riches is shining on you this month.”
Youpi…

Des petits riens comme les papiers des fortune cookies qui s’envolent. Et deux jeunes hommes qui m’aident à les rattraper.
– “Mais combien vous en avez mangé?”
– “Oh pas tant que ça, mais c’est vraiment pas grave au final…”
Les papiers dansent dans  les airs.
Et j’ajoute en riant : “C’est l’histoire de ma chance !”
Des petits bouts de papier de rien.

“You deserve to have a good time after a hard day’s work”
Parfaitement ! Et je garde du boulot pour demain ! La découverte de San Francisco ne fait que commencer, bientôt j’irai explorer Haight-Ashbury, quartier mythique du mouvement hippie, le quartier de Janis Joplin, version rock star cette fois… J’en frissonne d’avance !

 
A record shop in North Beach
 

 
Cafe Trieste
 

Serge Gainsbourg – Les petits papiers par popefucker

 
*Référence à Jack Kerouac.

August 30, 2011

7 responses to Le jour où j’ai parcouru San Francisco à la recherche de Janis Joplin (Part 1)

  1. friscolex said:

    Et maintenant je suis de nouveau en Floride et pas d’arbres d’ananas… nulle part ! 🙂

    Tu dois manquez à Igueldo, aussi !!

  2. Papa chéri said:

    Tu as pris en photo le bac Roy Loney / Lone Justice… et tu n’as rien ramené d’eux ???…??? pas un pirate, rien…? Est ce possible ? ou est juste un oubli en passant…

    • LookingforJanis said:

      J’ai acheté le live de Maria McKee à la BBC ceci dit… + le deuxième album de Lone Justice ! 😉

  3. Spike said:

    Bonjour Looking for Janis !

    Ah Ah Ah c’est drole, il m’est arrivé la meme chose l’an dernier au Beat Museum, j’ai discuté un peu avec le gars et je lui ai dit que j’adoré Janis Joplin et que c’était la raison de ma venue à San Francisco… ça ne lui a pas plu des masses :D.

    Aujourd’hui je suis de nouveau à San Francisco, je me sens tellement bien dans cette ville, j’aime retrouver des lieux où Janis se trouvait meme pour quelques instants.

    En tout cas, c’est vraiment agréable de te lire, je comprends ce que tu ressens pour Janis, elle a aussi bouleversé ma vie ;-).

    J’espère que ton projet de publier un livre sur tes péripéties aboutira ! Je l’acheterai les yeux fermés ! 😉

    From San Francisco with love 😉

    PS : Je suis en train de lire le livre de Myra Friedman “Buried Alive”, et d’après elle, le premier endroit où Janis a chanté à son arrivé avec Chet Helms sur Upper Grant Avenue s’appelait “Coffee and Confusion” et en effet il y avait aussi le Coffee Galery mais elle ne parle pas de Fox and Hound. 🙁

  4. Spike said:

    Bonjour Looking for Janis !

    Ah Ah Ah c’est drole, il m’est arrivé la meme chose l’an dernier au Beat Museum, j’ai discuté un peu avec le gars et je lui ai dit que j’adoré Janis Joplin et que c’était la raison de ma venue à San Francisco… ça ne lui a pas plu des masses :D.

    Aujourd’hui je suis de nouveau à San Francisco, je me sens tellement bien dans cette ville, j’aime retrouver des lieux où Janis se trouvait meme pour quelques instants.

    En tout cas, c’est vraiment agréable de te lire, je comprends ce que tu ressens pour Janis, elle a aussi bouleversé ma vie ;-).

    J’espère que ton projet de publier un livre sur tes péripéties aboutira ! Je l’acheterai les yeux fermés ! 😉

    From San Francisco with love 😉

    PS : Je suis en train de lire le livre de Myra Friedman “Buried Alive”, et d’après elle, le premier endroit où Janis a chanté à son arrivé avec Chet Helms sur Upper Grant Avenue s’appelait “Coffee and Confusion” et en effet il y avait aussi le Coffee Galery mais elle ne parle pas de Fox and Hound :-(.

    • LookingforJanis said:

      Hello Spike !
      C’est une réponse qui a tardé à venir ! 😀
      C’est trop cool que tu sois allé à SF toi aussi pour retrouver les lieux où Janis avait vécu ! Merci de partager ça avec moi ! 🙂
      Le livre de Myra Friedman n’est pas toujours très précis en effet, j’ai beaucoup relu celui de Jean-Yves Reuzeau pour faire ce voyage : il est au contraire très complet ! As-tu lu celui de Jeanne-Martine Vacher, Sur la route de Janis Joplin ? C’est mon préféré ! 😉
      From Lille with love 😉

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