Le jour où Janis Joplin est morte à Los Angeles (Part 2)
Chez Barney’s Beanery, il y a pas un chat, enfin, si en réalité, il y a deux jeunes mecs qui picolent une bière au bar, juste à côté du siège de Jim Morrisson, respectueusement. Et la télé qui débite ses images bruyantes et saccadées, en vrac dans tous les coins du bar. Plus loin, Janis a gravé son nom sur la table, pour changer… La relique est accrochée au plafond, juste au-dessus de son emplacement original. Janis a bu une vodka d’après les témoignages, perso, je décide de lui porter un dernier toast à coup de Southern Comfort. Un gentil serveur me raconte sa vie, m’offre le menu avec la dernière anecdote sur la vie de Janis et se propose de me prendre en photo. Je visite les toilettes et pisse alors qu’une Janis grandeur-nature me tire la langue en rigolant depuis le toit du Chelsea Hotel à New-York City à côté d’une photo de Judy Collins pensive, de tags crados et de lettres découpées dans des magazines des années 80’s.
Puis, je m’arrête donc en touriste au Highland Gardens Hotel, anciennement nommé Landmark Motor Hotel, in West Hollywood où Janis a exulté son dernier souffle chambre 105. J’ai beau prendre mon meilleur accent français et lancer des regards de biche perdue pour raconter mon histoire au réceptionniste, rien à faire, il est hors de question que je pénètre dans la chambre funeste, même accompagnée, même pour 3 photos. Un couloir silencieux voilà tout, et un vieux chariot de produits ménagers qu’on traîne. Une piscine vide.
Sur les collines d’Hollywood, je retrouve ma bonne vieille Chevrolet garée à côté d’une Porsche. La végétation luxuriante laisse deviner des maisons cossues et confortables. Je me sens chez moi dans cette voiture de location qui m’accompagne depuis 1 mois. Si peu de temps, le temps qui se presse, les heures qui rétrécissent sous la chaleur de L.A., je redémarre, je roule sur Sunset Boulevard.
Devant le Sunset Sound Studio, c’est une autre Porsche qui se gare sur le parking, le jeune rocker qui en descend me surveille derrière ses Ray-Ban, inquiet que je sois une sorte de paparazzi ou de fan fouineuse.
J’ai mis du temps à trouver le cimetière. Drôle d’endroit… Un petit carré de verdure au milieu des buildings dans Beverly Hills. Le soleil illumine les grands arbres et les fleurs mortuaires. Très vite, je réalise que l’endroit est, en effet, plus spécial que je le concevais au départ. Westwood Village Memorial Park Cemetery n’abrite pas seulement le crematorium où le corps de Janis fut incinéré, c’est surtout la dernière demeure de Marilyn Monroe, Truman Capote, Dean Martin, Burt Lancaster, Minnie Ripperton, Farrah Fawcett et de tas d’autres stars du showbizz à l’américaine qu’une sympathique mère de famille locale me décrit un à un.
Qui eût cru que ce fut si rapide de raconter ce séjour à Los Angeles…
Pourquoi je vous raconte tout ça sans m’arrêter ? Il semblerait que j’expédie les traces de la mort de Janis. Ces derniers instants de mon voyage et de sa vie qui filent tout à coup comme si sur la fin, tout avait été très vite, très dur et très simple. Doux et expéditif.
Ne croyez pas que j’ai visité ces lieux insensible, je les traversés comme en rêve, enveloppée de coton, on eut dit pourtant que mon cœur saignait, enserré à l’intérieur de moi.
Et si je m’arrête, je me revois assise sur les marches de la terrasse, peut-être que j’exhalais la fumée de ma cigarette, je ne sais plus… Tout était si calme. À la fin de ce jour. À la veille de mon retour. Une musique m’est parvenue depuis le jardin des voisins. Ça devait être l’heure de préparer le barbecue… J’ai reconnu le morceau, la voix, je me suis approchée. Van Morrisson chantait : “And it stoned me, And it stoned me to my soul, Stoned me just like goin’ home, And it stoned me”…Il y a avait de la poussière et de l’eau vive dans sa musique.
February 28, 2013
Comments are closed.