Le jour où j’ai appris la mort d’Amy Winehouse
Ce matin, dans la salle du petit déjeuner, il est 7h20 heure locale, et je suis fascinée par la bouffe : grosses gaufres à faire cuire soi-même avec un distributeur de pâte, sirop d’érable avec ou sans sucre, bagels grillés, confiture de raisin, beurre de cachuètes, whipping spread, fruits en plastiques. Il y a évidemment la télé qui tourne en boucle et qui diffuse les infos du jour, “breaking news” : des bouches d’incendies sont mises à disposition des enfants dans plusieurs villes des États-Unis pour pallier à la canicule, mariages homosexuels mercredi à New-York, et aussi “a very funny dunking booth” je sais plus où, à Fortville, Indiana, un étranger à offert un climatiseur à un couple, interview de la jeune femme encore sous le choc, l’inconnu souhaite rester anonyme, etc, etc. Et puis soudain, une photo sous-titrée “Amy Winehouse, 1983-2011”. Je suis sous le choc, j’en lâche mon bagel. Putain ! Fuck !!! “Amy Winehouse died at the age of 27”. C’est vraiment une putain de malédiction ou quoi ???
Première journée au Texas et je suis tellement frappée par le parallèle avec Janis. Jusque ici, fort heureusement, elle était la seule rock star féminine du club des 27. Putain de club à la con.
Ils vont nous faire des tas de petits documentaires putassiers sur Amy Winehouse maintenant, son talent précoce, son destin tragique, sa mort prématurée, et tout. Comme ils en ont fait des tas sur Janis (such a “Little Girl Blue”). Peut-être même un biopic de merde comme “The Rose” sur sa déchéance. (Je dis ça mais je kiffe ce film et je kiffe Bette Midler et je viens de lancer le mix de morceau sur mon Ipod et c’est “Midnight in Memphis” de la BO du film qui tombe en premier, un signe de l’Univers sans doute).
Ces “breaking news” du jour me rappelle un putain d’article de fond dans Rock & Folk sur Amy Winehouse il y a quelques années, le journaliste (Nicola Acin?) racontait comment Amy avait l’air mal barrée pour faire un nouvel album, comment le public se gargarisait de ses frasques via la presse people, et comment il risquait d’être déçu si elle finissait comme beaucoup de rock stars avant elle… Et maintenant, elle aussi, elle est morte. Prémonitoire. Putain de bordel de merde !
Ça me laisse sans voix. (il y a beaucoup de “putain” quand même dans cet article, âmes sensibles s’abstenir…)
Des gamines, comme moi, feront peut-être leur pélerinage sur les pas d’Amy Winehouse. RIP AMY.
Je crois qu’il est temps pour moi de vous raconter “Le jour où j’ai annoncé mon départ”.
Mais avant, voyons un peu ce que la télé a su faire d’une idole brisée…
Et puis une chanson pour Amy.
July 24, 2011 1 Comment
Le jour où j’ai décidé de partir
Faisons une ellipse temporelle si vous le voulez bien et projettons-nous dans le moment présent : il est 3h03 du matin, dans 20 heures je suis sur le sol américain.
Je ne vais pas vous raconter tout de suite comment je me suis égarée mais je vous dirais seulement que j’ai mis des années à retrouver mon chemin, pour de bon. Ce fut pareil pour le Petit Poucet, ce con il avait pas pensé que les miettes de pain seraient bouffées pas les oiseaux. Alors, j’ai pris des cailloux, cette fois, c’est plus sûr. À présent, je marche sans certitude mais avec confiance. Avec l’énergie du désespoir comme on dit. C’est une belle expression bien qu’un peu galvaudée, et qui dit bien ce qu’elle veut dire (et quoi, à vous de chercher). L’énergie du désespoir justement, c’est bien celle-là qui devait animer Janis… Et pourtant…
Je ne vais pas non plus vous raconter tout de suite comment j’ai perdu confiance mais je vous dirais qu’aujourd’hui que je me suis complètement reconnectée avec la Janis que j’aime : celle qui pète le feu, celle qui dit merde à tous le monde, celle qui vit sans complexes, celle qui éclate de rire bruyamment, celle qui s’habille n’importe comment, celle qui s’ouvre aux autres sans retenue, celle qui fait la fête, celle qui est créative et folle, celle qui est intelligente et drôle, celle qui fait l’amour à 25 000 personnes en même temps rien qu’en chantant, celle qui brûle à l’intérieur, celle que j’ai aimée et que j’aime aujourd’hui, sans complaisance, avec plus de distance et de bienveillance.
Je contemple le chemin parcouru : “I’m never going back again to crucify myself again you know” Sauf que cette fois, c’est vrai. Toutes les expériences sont imprimées en moi et constitue une carte intérieure, toujours en évolution. Avec des routes, des fossés, des lacs, un océan (très très profond et très noir), des vergers en fleurs, des prairies, des forêts, des plages et des déserts. Quelque soit la luminosité de la route, j’emmène toujours ma lanterne. Je méritais bien d’en avoir une ! Et maintenant que je sais m’en servir, j’ai moins peur. L’ennemi intérieur n’a qu’à bien se tenir ! J’oublierai pas de mettre cette carte dans ma valise à côté de mes guides du routard et du livre que Domi m’a offert.
Puisqu’il me faut continuer à marcher, j’irai voir Janis, j’ai tant de choses à lui dire avant d’avoir 30 ans! Le temps file et je suis toujours à sa recherche. Je me demande si je parle du temps ou de Janis tout d’un coup… Les deux en réalité.
Et c’est ainsi que j’ai choisi un parcours en particulier, pas n’importe quelle “route de Janis Joplin”. Je ne vais pas voir tous les lieux où Janis est passée (j’ai déjà été à l’Olympia au moins 5 fois pour d’autres raisons), je ne vais pas aller au Chelsea Hotel à New York, ou suivre la voie ferrée du Festival Express. Non, je vais suivre son impulsion, celle qui la conduite à quitter le Texas pour la Californie, le jour où elle a quitté pour de bon les “straight-suits” pour aller, avec son désir de vivre pleinement, vers l’inconnu, vers la lumière.
Je vais commencer par Port Arthur, sa ville natale, je passerai sans doute en Louisiane, toute proche, je resterai quelques temps à Austin, je me gaverai de musique dans les bars, puis je reprendrai la route, par le désert, Phoenix et Las Vegas, je me poserai à San Francisco, traînerai à Haight Ashbury et Larkspur, je longerai la côte où ses cendres ont été dispersées en octobre 1970, je terminerai comme elle à Los Angeles.
J’entends le Kozmic Blues de Janis dans ma tête :
‘Cause I know that I could always try.
There’s a fire inside of everyone of us, huh-uh,
I’m gonna need it now,
I’m gonna hold it yeah,
I’m gonna use it till the day I die
Le temps passe, et je marche.
Enfin, techniquement, je vais même carrément voler bientôt !
July 23, 2011 5 Comments